Le futur du jeu vidéo infonuagique natif : Ce que propose Google Stadia
Enfin, les joueurs, comme les développeurs, peuvent apercevoir l’avenir rapproché du jeu infonuagique.
Il n’y a pas si longtemps, nous jurions loyauté indéfectible à notre console préférée. Pour ma part, j’étais fidèle à Nintendo, mes amis disaient : « c’est N ou c’est rien ». Les fervents de Xbox ou PlayStation, eux, disaient que le « Nintendo était pour les enfants ». Il y avait aussi ceux, comme nous, dont la dévotion les menait à ratisser méticuleusement Internet pour étudier les tests d’évaluation en quête de bâtir le parfait PC de jeu vidéo. D’une certaine manière, c’est cette quête qui définissait nos identités de joueurs.
Cela n’a servi à rien puisque cinq ans plus tard, notre console fétiche fut rendue obsolète par la nouvelle génération de consoles et de jeux vidéo. Chaque année, les jeux nécessitaient plus de puissance UCT, plus de mémoire, de plus gros disques durs et de meilleures cartes graphiques. Ce fut une guerre sans fin que nous avons payée chèrement ; nos portefeuilles vides peuvent en témoigner.
La semaine dernière, lors de la Conférence pour les développeurs de jeu 2019 à San Francisco, Google a présenté Stadia, un service complètement infonuagique natif qui permet de jouer à un jeu, sur n’importe quel appareil, sans avoir à le télécharger. La notion, qui semblait futuriste, d’un jeu transcendant les plateformes, est maintenant devenue réalité. Vous ne serez pas banni par vos amis joueurs pour avoir perdu la bataille des consoles. « L’avenir du jeu n’est pas une boîte, c’est un lieu », ont-ils proclamé.
Au cours de la présentation de Google, un joueur passait de manière fluide entre un Chromebook, une télévision, son téléphone mobile et le « pc le moins puissant » qu’ils ont pu trouver. Contrôleur, clavier et écran tactile étaient tous compatibles. En fait, la seule pièce d’équipement qui fut révélée fut un contrôleur wifi qui promettait de réduire les temps d’attente en se connectant directement au nuage. Par contre, vous n’avez pas à utiliser leur manette de jeu puisque Stadia est complètement agnostique au niveau de sa plateforme.
Google n’est pas le premier à jouer au jeu infonuagique. En 2018, Xbox avait promis un service semblable et PlayStation Now est maintenant un service de diffusion en continu qui fonctionne par abonnement, mais qui n’a jamais prospéré à cause du manque de disponibilité de titres dans sa bibliothèque. Nous nous souvenons tous de l’espoir que promettait la microconsole OnLive en 2008. C’est son mauvais positionnement et ses problèmes relatifs au temps d’attente qui ont mené à son échec. « Si nous avons appris quoi que ce soit au cours des dernières années », dit Leah Jewer, animatrice de la baladodiffusion Girls on Games « c’est que c’est le contenu qui stimule les joueurs ». Le géant technologique est sur la bonne voie pour assurer que les développeurs de jeu désirent travailler sur sa plateforme. Son association avec les outils de développement populaires Epic’s Unreal Engine, Unity et Havok, démontre que Google est conscient du fait qu’il est aussi important de plaire au devs qu’aux utilisateurs finaux.
Au cours des dernières décennies, la distribution du jeu vidéo a franchi d’importantes étapes. La venue de Steam, une plateforme de distribution numérique par Valve Corporation a bouleversé la façon dont nous achetons des jeux, les achats s’effectuaient traditionnellement dans des magasins ayant pignon sur rue. Et maintenant, même les longues files d’attente de téléchargement de jeux sur Steam sont terminées. Comme dans les secteurs de la musique et du cinéma, la diffusion en continu devient le modèle de fait. Nous espérons qu’ultimement, dans le domaine du jeu, les obstacles à l’entrée relatifs aux coûts et à l’optimisation seront réduits.
La présentation Stadia a aussi mis en relief des fonctionnalités fort intéressantes comme Crowd Share et Stream Connect, qui facilitent une intégration plus interactive de l’expérience de diffusion en continu. Depuis la popularité croissante de Twitch et autres services de diffusion en continu, les développeurs de jeux doivent penser à intégrer la participation du spectateur plus tôt dans le stade de développement. Scavenger Studio, le développeur de jeu indépendant basé à Montréal est un bon exemple de la façon dont un jeu peut tirer profit des services de diffusion en continu pour créer une expérience utilisateur plus stimulante. Leur jeu de type « Battle Royale » appelé Darwin Project est un jeu de tir de survie compétitif multijoueurs à la troisième personne qui fait le pont entre les créateurs de contenu et les spectateurs. Des fonctionnalités spécifiques à la diffusion en continu permettent aux spectateurs de dicter les règles du jeu en leur permettant de gager sur des prisonniers et de choisir les cibles des pouvoirs. Selon Sam Quino, leur développeur communautaire, « l’idée la plus intéressante qui découle de l’annonce à propos de Stadia, est la capacité de pouvoir enfin créer un jeu asymétrique et de permettre qu’il soit diffusé de façon créative. Nous vivons à l’époque où le jeu est un sport de spectacle et où la création d’une expérience de jeu intuitive et coopérative est un obstacle technologique majeur pour de jeux de type « Battle Royale » comme Darwin Project. Stadia peut potentiellement offrir un moyen de saisir, en instances uniques, le système incroyablement complexe du jeu.
Dans le marché d’aujourd’hui, une approche infonuagique native aux jeux vidéo est une stratégie incontestable. La popularité montante des expériences de jeux massivement multijoueurs a généré le besoin de produire une plateforme informatique robuste, fiable et évolutive. Google semble être le candidat favori dans cette course, car il possède de nombreux centres de données et une grande quantité de nœuds périphériques disponibles. Nous assistons déjà à la réussite de la mise en œuvre des technologies infonuagiques natives dans le cycle de développement de jeux multijoueurs comme Apex Legends de EA, dont le lancement, plus tôt en 2019 a eu un énorme succès – 10 millions d’utilisateurs concurrents dès le deuxième jour, et virtuellement sans temps d’arrêt – grâce surtout au fait qu’il tirait avantage d’une solution infonuagique avec Google Compute Engine. L’instabilité des serveurs et les files d’attente de connectivité peuvent faire le succès ou l’échec d’un jeu dès son lancement, les problèmes de performance de réseaux qui brisent le sentiment d’immersion sont un cauchemar pour la jouabilité. Cela sera chose du passé grâce aux pratiques infonuagiques natives.
On s’attend à d’autres grandes nouveautés en 2019. Des rumeurs courent que Microsoft, Nvidia, Apple et même Walmart vont annoncer cette année, leur propre service infonuagique de diffusion en continu. Nous n’avons plus qu’à attendre pour découvrir qui développera les meilleurs jeux et qui sera le mieux placé pour créer une plateforme infonuagique native automatisée, évolutive et résiliente.
Joignez-vous à nous à la journée Cloud Native le 11 juin prochain à Montréal pour rencontrer vos collègues développeurs et apprendre comment utiliser les plateformes infonuagiques pour créer d’excellentes applications. Cet événement s’adresse autant aux débutants qu’à ceux qui désirent approfondir leurs connaissances des technologies infonuagiques. Vous pouvez me contacter à ctrang@cloudops.com si vous avez des questions ou si vous désirez soumettre des idées de conférences.
À propos de Carol Trang
Carol Trang est directrice de la communauté chez CloudOps et organisatrice des meetups Kubernetes de l’est du Canada et CloudNative. Elle est co-animatrice de la baladodiffusion Good Game Geeks et organisatrice en chef du meetup de la communauté montréalaise Powered by Twitch.