Le nuage est la culture

23-06-2021 / CloudOps

Ian Rae, chef de la direction et fondateur de CloudOps, a posé des questions à John Weigelt, directeur national de la technologie chez Microsoft Canada, sur la façon dont le nuage a évolué pour devenir une culture. Lisez l’entrevue ci-dessous ou écoutez la conversation ici.

Ian Rae : Lorsqu’on vous a demandé de définir ce que le nuage signifie pour vous, vous avez réussi à l’exprimer en une courte phrase : le nuage est la culture. Quel fut votre cheminement pour comprendre le nuage, et qu’est-ce qui vous a amené à dire que le nuage n’est pas actuellement une technologie, mais plutôt une culture?

John Weigelt : Ces conversations se sont d’abord amorcées d’un point de vue technologique, en parlant de la technologie avec les gens et de l’étendue de l’impact du nuage sur leur entreprise. Il y a un effet d’entraînement qui étend la portée du nuage bien au-delà des technologies elles-mêmes.

C’est en parlant avec des chercheurs qui utilisent le nuage pour accélérer leurs procédés que j’ai vraiment compris. Plutôt que d’attendre des mois pour l’acceptation de subventions, la livraison et la configuration d’équipements, et l’exécution de simulations, les résultats des chercheurs pouvaient être traités en à peine un week-end. Cette accélération s’applique à de nombreux autres secteurs, dont les domaines des services financiers et de l’énergie.

Si vous adoptez le modèle d’exploitation dans le nuage, vous pouvez transformer la manière dont votre organisation fonctionne. De plus en plus, ce ne sont pas les technologies dont on parle, mais des ressources humaines. L’idée que le nuage est la culture vient des gens, de l’entreprise et de la communauté entière. Vous devez adhérer à la culture du nuage pour en récolter les bienfaits.

Les 175 articles de Deloitte Canada ont récemment montré combien de nombreuses organisations sont plus ambitieuses qu’autocritiques ou conscientes d’elles-mêmes. Plusieurs se disent être des preneuses de risques ou des pionnières, mais elles ne le sont pas vraiment. Il en va de même pour le nuage. Certaines organisations prétendent être dans le nuage, mais en fait, elles n’ont fait que changer de structure. Elles ont peut-être mis en place une charge Linux dans un nouvel environnement, mais il s’agit de la même charge Linux. Leur mentalité n’a pas évolué, elles n’ont pas reconçu des applications ni acquis de nouvelles compétences. Il n’est pas vraiment question de nuage ici.

Que faire pour que les organisations comprennent qu’elles ne retireront pas tous les avantages et la prospérité associés au nuage sans apporter des changements à leur culture?

Ian : Ce qui est important, c’est de se connaître soi-même. Nous avons réalisé rapidement que c’est un facteur clé de succès, et c’est réconfortant de vous entendre dire qu’il s’agit d’un problème répandu.

John : Nous voyons de plus en plus d’organisations développer très rapidement des capacités qui sont assorties d’une quelconque dette technique. Elles ne disposent pas des processus et des outils nécessaires pour soutenir leurs activités à long terme et peuvent ainsi se fragiliser. Il faut se connaître soi-même pour savoir quand déprécier et laisser tomber les choses qu’on a conçues dans une optique de long terme.

Ian : C’est souvent difficile d’établir les processus qui doivent vraiment être conçus par soi-même, et que cela peut être lié à notre identité, à notre mission ou à notre but. D’autres éléments qui doivent être faits, mais qui ne sont pas essentiels, sont souvent instinctivement donnés en sous-traitance dans les TI. L’énoncé que le nuage est la culture peut s’inspirer de cette approche. Comment les organisations ont-elles passé à l’étape suivante de savoir ce qu’elles doivent faire elles-mêmes, ce qu’elles doivent donner en sous-traitance, et qu'elles sont les répercussions sur la transformation culturelle du nuage?

John : La plupart des organisations sont des plaques tectoniques de mouvement. Les forces en jeu peuvent se déplacer lentement. Le nuage n’a pas à dépendre d’un emplacement. Vous pouvez l’avoir à vos conditions et dans votre propre environnement, et il vous donne la flexibilité d’avoir des conversations pertinentes sur vos compétences de base. Ces conversations ont lieu depuis des années dans le secteur de la technologie. Chaque fois qu’une innovation est lancée, on se demande s’il faut faire appel à des experts externes, s’il faut donner la solution en sous-traitance pour obtenir un gain rapide ou s’il faut faire évoluer son équipe à l’interne. La décision dépend de plusieurs facteurs, dont votre tolérance culturelle au risque. Jusqu’où pouvez-vous aller? Préférez-vous être un « suiveur » rapide?

Ce processus se déroule dans différentes tranchées, le nuage étant la première. Je commence à entendre « l’apprentissage machine est la culture » et « l’intelligence artificielle est la culture ». On pourrait ensuite parler d’une culture de l’Internet des objets ou d’une culture de quantification. Comment s’adapter aux changements et développer les bonnes compétences?

La crise de la COVID-19 a mis en évidence la rareté des compétences pertinentes tout en nuisant également à la mobilité des ressources. Nous verrons des déplacements massifs de personnes lorsque le monde s’ouvrira de nouveau. Certaines quitteront complètement le marché du travail, et le marché de l’embauche est déjà très concurrentiel. La dynamique sera intéressante à mesure que les choses se calment, et je ne suis pas certain qu’elles reviendront exactement comme avant.

En tant que propriétaire d’entreprise, vous vous demandez comment recruter et garder à long terme le personnel dont vous avez besoin. Certains services ne devraient pas être donnés en sous-traitance, et d’autres sont des éléments de base pour permettre à d’autres de le faire en toute confiance.

Ian : L’intersection entre le nuage en tant que capacité et le nuage en tant qu’approche semble émerger pour les personnes qui sont des adeptes du nuage depuis des années. J’ai longtemps défendu les avantages de l’infonuagique et je me retrouve soudainement dans un monde où tout un chacun louange ses avantages.

C’est peut-être un heureux hasard que la pandémie survienne à un moment où la maturité, la diversité et la capacité des services infonuagiques permettent de répondre à l’immense demande créée par le changement dans la façon de travailler. Cela se produit à une échelle incroyable qui n’échappe pas à ceux et à celles qui travaillent avec des personnes et dirigent des équipes de personnes. Les humains ne peuvent pas toujours être automatisés, orchestrés ou mis à niveau avec de nouveaux micrologiciels comme de nombreux systèmes l’ont fait. Alors que nous, les technologues, avons employé tous les moyens pour placer la bonne demande au bon endroit, il semble que nous avons réussi à le faire.

Les capacités de ces systèmes n’existent pas que pour se servir elles-mêmes; elles existent pour répondre aux besoins des gens, et les gens ne sont pas aussi flexibles. D’importantes conversations ont lieu en ce moment sur l’étendue selon laquelle nous devrions permettre aux gens d’être automatisés par des systèmes à grande échelle. Un exemple est la controverse entourant le personnel d’Amazon.

Si le nuage est la culture, y a-t-il un choc de culture entre l’incroyable évolutivité des possibilités et des capacités et les défis au sein du personnel actuel pour s’adapter et perfectionner les compétences nécessaires afin de répondre à l’aspect humain de la demande?

John : Le nuage aide à démocratiser les outils. L’humble feuille de calcul a conduit à l’acceptation ou à l’adoption des ordinateurs personnels dans l’espace de travail. Il a aidé les gens à articuler leurs idées et à accéder à des calculs rapides. Cette capacité s’est poursuivie. Déplacer des fichiers sur plusieurs écrans était un long processus avant. Aujourd’hui, les applications Microsoft Power permettent de créer des applications aisément à l’aide d’une interface utilisateur graphique. Elle démocratise la programmation.

L’intelligence artificielle démocratise l’intelligence artificielle. Un médecin en Colombie-Britannique est à créer sa propre application de diagnostic de maladie pulmonaire sur son téléphone mobile. Il a recours à l’apprentissage machine pour réunir des images à code source libre et le National Institute of Health. Une interface utilisateur peut assurer que ce sont les personnes concernées qui restent à l’hôpital et que celles qui n’ont pas besoin de rester peuvent sortir. Des complexités et des considérations demeurent ici, mais le potentiel est astronomique.

La technologie stimule la créativité humaine. Plutôt que retrancher les humains de l’équation, ces outils complémentent nos compétences et nos aptitudes, ce qui nous libère des tâches courantes pour travailler à des projets plus dynamiques.

Un changement culturel est nécessaire. Nous constatons que les appels à la chaîne sur Zoom peuvent être plus épuisants que les réunions en personne. Il est maintenant presque courant pour nous chez Microsoft de marcher dans le quartier durant une conférence téléphonique ou de voir les enfants et les chiens apparaître subitement dans l’arrière-plan. La courbe d’apprentissage peut être intimidante pour certains, mais ce virage s’opère graduellement.

Ian : Il y a une tendance permettant aux personnes qui souhaitent programmer dans un sens générique de le faire avec des systèmes à faible code ou sans code. Ne serait-il pas merveilleux de ne pas avoir à apprendre les bases de la science informatique et de programmation pour créer? Le faible code et le sans code font l’objet de nombreuses discussions dans notre industrie. Le concept est apparu il y a cinq ou six ans et il semble être un point décisif. Même les organisations dans le domaine de l’immobilier que je connais bien utilisent soudainement des plateformes à faible code pour rassembler des processus d’affaires. S’agit-il d’un hasard? Sommes-nous à la croisée des chemins pour ces tendances?

John : J’envisagerais des plateformes comme WordPress ou Shopify qui permettent une très grande créativité très rapidement. Les plateformes à faible code font directement leur chemin de l’espace client aux entreprises.

Ian : ’est une très bonne remarque pour conclure. Le fait que nous sommes dans un processus de démocratisation de la capacité d’être créatif avec la technologie est une notion très positive.

 

Le nuage est la culture. Qu’en pensez-vous? De quelle manière l’adoption du modèle d’exploitation du nuage transforme-t-elle la manière dont votre entreprise fonctionne, et en quoi ce modèle est-il une culture ou une technologie? Faites-nous part de vos réflexions sur les médias sociaux.

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